Mieux se préparer à une intervention chirurgicale majeure grâce à la « préadapt »

Dr Daniel McIsaac (Source : Hôpital d’Ottawa)

Iriez-vous passer un test sans avoir étudié? Ou courir un marathon sans vous être entraîné? La réponse est probablement « non ». Alors, pourquoi subir une intervention chirurgicale majeure sans préparation du corps et de l’esprit?

La préadaptation, c’est l’idée qu’un patient peut « s’entraîner » à l’approche d’une intervention chirurgicale majeure, par exemple une opération pour retirer un cancer, ou un remplacement de la hanche. Accélérant la convalescence, la « préadapt » comprend des exercices et un suivi nutritionnel qui visent à aider les patients à améliorer leur santé physique avant une intervention chirurgicale planifiée. Elle comprend également des interventions psychosociales favorisant l’amélioration de l’humeur et la motivation, et des interventions cognitives visant à stimuler les fonctions cérébrales et à réduire les risques de confusion après l’opération, en particulier chez les personnes âgées.

Le Dr Daniel McIsaac, anesthésiologiste et scientifique à l’Hôpital d’Ottawa, collabore avec des chercheurs, des cliniciens et des patients partenaires pour tester et évaluer différentes interventions de préadaptation, comme l’augmentation de l’apport nutritionnel en protéines. Dans une étude synthèse financée par les IRSC sur près de 200 programmes de préadaptation mis en œuvre dans le monde auprès de plus de 15 000 patients, l’équipe du Dr McIsaac a découvert que les programmes de préadaptation de qualité supérieure réduisent effectivement la durée de la convalescence et de l’hospitalisation ainsi que le coût des soins, et mènent à une meilleure qualité de vie chez les patients qui y participent activement.

Pour l’étape suivante de la recherche, le Dr McIsaac et son équipe testent des programmes de préadaptation virtuels à suivre à domicile auprès de patients qui subiront toutes sortes d’interventions chirurgicales dans des hôpitaux d’un bout à l’autre du pays. « Nous savons que les patients veulent faire de la préadaptation chez eux, dit le chercheur. Quand on pense au fait qu’un patient qui subira une opération au Canada réside en moyenne de 40 à 90 kilomètres de distance de l’hôpital où il sera traité, la préadaptation à domicile est beaucoup plus accessible. »

Chris Wanczycki en ski au lac Louise

L’un de ces patients est Chris Wanczycki. Il a participé à un essai clinique du Dr McIsaac pour regagner de la masse musculaire perdue lors de chimiothérapie et de radiothérapie avant de subir une intervention chirurgicale majeure pour traiter un cancer rectal. Durant les deux mois qui ont précédé son opération, M. Wanczycki a participé assidûment à un programme qui comprenait des exercices cardiovasculaires et musculaires ainsi que des étirements. « Lorsque j’ai subi mon opération, j’étais dans un bien meilleur état pour y faire face », dit-il. Il est progressivement parvenu à réaliser plus d’une heure d’activité physique par jour, allant même faire une promenade en ski de fond la veille de l’intervention. « Cela a immensément accéléré ma convalescence », affirme-t-il.

La préadaptation aide aussi les patients à tirer profit du temps d’attente avant une intervention chirurgicale, une période qui peut être particulièrement stressante. Chris Wanczycki dit avoir eu l’impression que se concentrer à devenir plus fort et à se surpasser pour atteindre des buts quotidiens a favorisé son bien-être mental. « Utilisons la période préopératoire pour amener les patients à être plus en forme, à mieux s’alimenter et à se sentir mieux afin que lorsqu’ils arrivent en salle d’opération, ils aient une longueur d’avance », explique le Dr McIsaac.

L’objectif des recherches en cours du Dr McIsaac est de déterminer la combinaison la plus efficace d’outils de préadaptation et la meilleure façon de les offrir aux patients afin de les soutenir le mieux possible.

En bref

L'enjeu

Subir une intervention chirurgicale majeure constitue une épreuve pour l’organisme et peut occasionner une longue hospitalisation ainsi qu’une longue convalescence.

La recherche

Financés par les IRSC, le Dr Daniel McIsaac et son équipe étudient des programmes de préadaptation visant à préparer les patients à une opération au moyen d’une combinaison d’exercices et d’interventions nutritionnelles, psychosociales et cognitives.

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